Congrès du Parti libéral en 1990

Congrès du Parti libéral en 1990


23 juin 1990

Olympic Saddledome, Calgary

John Turner a annoncé son intention de céder sa place à la tête du parti en mai 1989. Plus qu’un an s’est écoulé avant que plus de 4 600 délégués n’arrivent à Calgary pour choisir son successeur.


LES CANDIDATS EN LICE

Jean Chrétien avait été absent de la scène politique depuis son départ du Parlement en 1986. Son principal rival était Paul Martin, Jr., député d’un comté montréalais dont le père avait brigué l’investiture du PLC à deux reprises, pressenti comme l’héritier politique de M. Turner.

Les deux hommes ont dépensé près de 5 millions $ dans le cadre d’une lutte amère pour attirer le plus de délégués des associations de comté locales.

Brooke Jeffrey, politologue et ancienne responsable du parti, a souligné dans son livre intitulé Divided Loyalties que cette course était nettement différente des précédentes.

Chrétien a obtenu ses meilleurs résultats à Toronto, dans le nord de l’Ontario, au Québec, et dans les provinces de l'Atlantique.

Il a attiré plus de 1 500 délégués aux réunions, soit trois fois le nombre total obtenu par Martin.


LE CONGRÈS

L’échec de l’accord constitutionnel du Lac Meech dominait l’ambiance dans laquelle se sont déroulés les discours et le scrutin qui a suivi – à l’issue duquel on a assisté à la victoire, au premier tour, du ministre de l’ère Trudeau qui avait siéger presqu’un quart de siècle au Parlement.

Dans le discours qu’il a prononcé au congrès, M. Chrétien a lancé un appel à l’unité nationale dans le sillage de la crise de Lac Meech. Lors d’un débat tenu plus tôt à Montréal, certaines personnes dans l’auditoire ont crié « vendu » à Chrétien pour sa position dans le dossier Lac Meech.

Chrétien, qui critiquait le processus de négociation et réclamait de nouvelles négociations et plusieurs modifications, est resté quasiment muet au sujet de l’accord dans les jours précédant le congrès.

M. Martin et Sheila Copps, la candidate qui est arrivée troisième, appuyaient l’accord. Les autres canidats en lice étaient le député de Scarborough-Ouest, Tom Wappel, un opposant de l’accord du Lac Meech connu pour sa vive opposition à l’avortement, et le député de York-Sud-Weston, John Nunziata, qui s’opposait, lui aussi, à l’accord du Lac Meech.

Clifford Lincoln avait mis fin à sa propre campagne plus tôt en 1990.


LE SCRUTIN

L’équipe de M. Martin espérait que leur candidat survivrait au premier tour et qu’il irait chercher des délégués anti-Chrétien et pro-Lac Meech dans les autres camps. Environ 200 délégués autochtones ont affirmé leur soutien à l’approche du vote.

Cependant, Martin avait besoin de 100 de plus pour empêcher Chrétien de gagner au premier tour.

M. Chrétien a gagné au premier tour. Il a dit du Premier ministre Brian Mulroney : « Le moment est venu de fermer le poêle et de renvoyer le cuisinier. »


AUTRES FAITS:

  • D’après Jeffrey, certains délégués du camp Chrétien ont été retenus à Banff jusqu’à la tenue du scrutin pour s’assurer qu’ils y assistent.
  • Deux députés libéraux du Québec qui étaient dans le camp Martin ont tout de suite démissionné du caucus à cause de la position de M. Chrétien dans le dossier du Lac Meech: Jean Lapierre et Gilles Rocheleau.
  • Quelques mois plus tard, M. Chrétien s’est fait élire dans Beauséjour, au Nouveau-Brunswick, lors d'une élection partielle.