Une majorité de Canadiens s'inquiètent de la diffusion de la désinformation et son impact sur la démocratie

Une majorité de Canadiens s'inquiètent de la diffusion de la désinformation et son impact sur la démocratie



Les responsables de la sécurité, dont le SCRS dans son rapport annuel publié le 7 mai, préviennent que la désinformation est l'une des plus grandes menaces pour le Canada, et plus des trois quarts des Canadiens partagent cette inquiétude, selon un sondage Abacus Data commandé par CPAC en avril. Quatre-vingt-quatre pour cent des personnes interrogées ont affirmé qu'elles étaient au moins quelque peu préoccupées par la diffusion de fausses informations et de désinformation et que cette inquiétude pouvait avoir un effet sur notre démocratie.

« Je dirais que 84 % c’est un chiffre très élevé (et) qui transcende le spectre politique.... Le seul autre enjeu que nous avons abordé dans cette enquête, et que j'ai vu dans d'autres enquêtes, c’est le coût de la vie », a déclaré David Coletto, fondateur et PDG d'Abacus Data. « L'état de notre démocratie suscite une inquiétude généralisée. Il est largement admis que le monde dans lequel nous vivons, la manière dont nous obtenons l'information, qui crée cette information et la partage, déforme notre sens de la réalité et notre capacité à résoudre les problèmes collectivement et pourrait, en fin de compte, influencer, dans une certaine mesure, le type de démocratie que nous aurons », a déclaré M. Coletto.

En fait, l'enquête a révélé que plus de sept Canadiens sur dix sont très ou assez préoccupés par l'état de la démocratie dans le pays, ce qui s'explique en partie par les frustrations politiques actuelles.

À mesure que ces préoccupations augmentent, de moins en moins de personnes obtiennent leurs nouvelles et leurs informations auprès des organes de presse traditionnels ou font confiance aux informations qu'elles reçoivent. Quatre-vingts pour cent des personnes interrogées mettent en doute la véracité des informations qu'elles ont lues ou entendues, bien que 74 % se disent confiantes dans leur capacité à discerner le vrai du faux. Les jeunes Canadiens, ceux qui ont entre 18 et 29 ans, s'informent via les réseaux sociaux (56 %) ou auprès de leur famille et de leurs amis (54 %), alors que 61 % des personnes interrogées, dont la plupart ont 60 ans ou plus, s'informent auprès des organes de presse traditionnel.

Plus de sept Canadiens sur dix sont très ou assez préoccupés par l'état de la démocratie.

« Depuis un certain temps, nous constatons que la confiance dans la plupart des institutions se détériore et que les Canadiens de tous âges et de toutes tendances politiques sont tout simplement moins enclins à faire confiance au gouvernement, aux informations, aux médias, aux journalistes, à toute source d'information ou de pouvoir faisant autorité », a déclaré M. Coletto.

L’époque est révolue où les présentateurs de journaux télévisés, par exemple, étaient dotés d'une autorité que tout le monde écoutait en se disant : « Voilà ce qui se passe. Nous pouvons au moins nous entendre sur ce qui se passe, sur les raisons de ce qui se passe, et ensuite débattre de la façon de régler le problème ou de la meilleure voie à suivre. De plus en plus, en raison de cet écosystème fragmenté, nous ne sommes même plus d'accord sur la nature du problème, et je pense que cela explique la polarisation que nous observons dans notre dynamique politique ».

Par ailleurs, l'enquête a montré que seul un Canadien sur trois déclare vérifier fréquemment les faits présentés dans l'information qu'il voit en ligne, même si une majorité d'entre eux pensent qu'ils sont exposés à une grande quantité d'information inexacte. La plupart des personnes interrogées ont déclaré que les médias sociaux étaient les principaux responsables de la diffusion d'informations erronées et de la désinformation.

L’époque est révolue où les présentateurs de journaux télévisés, par exemple, étaient dotés d'une autorité que tout le monde écoutait en se disant : « Voilà ce qui se passe. »

« Lorsque nous nous sentons anxieux, frustrés, désespérés, à bien des égards, nous sommes plus facilement persuadés, peut-être, de croire quelque chose qui pourrait être faux.... La façon dont nous recevons l'information n'a jamais été aussi fragmentée, et nous sommes vraiment grincheux et anxieux. Tout cela mélangé crée le cocktail de la rage et de la politique populiste que nous avons vues dans le monde entier. Je pense que nous voyons aussi l'émergence de ce phénomène au Canada. »

Le sondage d'Abacus Data auprès de 2001 résidents canadiens âgés de 18 ans et plus a été réalisé entre le 11 et le 14 avril 2024. La marge d’erreur pour un échantillon probabiliste de cette taille est de plus ou moins 2,19 %, 19 fois sur 20.

CPAC diffusera l’émission spéciale Détecter la désinformation au service de la démocratie, le jeudi 27 juin à 19 h HE.  À voir, à CPAC




Ce projet a été rendu possible en partie grâce au gouvernement du Canada.