80 % des Canadiens s'inquiètent d'une éventuelle utilisation abusive de l'IA lors d'une élection

80 % des Canadiens s'inquiètent d'une éventuelle utilisation abusive de l'IA lors d'une élection



Selon un sondage Abacus Data commandé par CPAC en avril, plus de la moitié des Canadiens n'ont jamais entendu parler de l'intelligence artificielle ou en savent très peu à ce sujet.

Ce sondage évaluait les préoccupations concernant l'intelligence artificielle (IA) et l'impact du contenu généré par l'IA. Quarante pour cent des personnes interrogées ont déclaré ne pas savoir grand-chose sur l'IA et 12 % ont admis n'en avoir jamais entendu parler. Les personnes interrogées âgées de 18 à 29 ans, les Canadiens instruits et les hommes étaient plus sensibilisés à l'IA, même si 82 % d'entre eux ont déclaré que l'IA rend plus difficile la distinction entre le vrai et le faux.

Toutefois, quatre-vingt pour cent des personnes interrogées ont déclaré être préoccupées par l'utilisation abusive potentielle de l'IA pour répandre de fausses informations et de la désinformation au cours d'une campagne électorale.

Quatre-vingt pour cent des personnes interrogées se sont déclarées préoccupées par le risque d'utilisation abusive de l'IA pour diffuser des informations erronées et de la désinformation au cours d'une campagne électorale.
Soixante-deux pour cent des personnes interrogées n'étaient pas sûres ou n'étaient pas convaincues de pouvoir identifier le recours à l'IA pour la diffusion de fausses informations dans le cadre d'une élection.

« Je pense que cela nous indique que la plupart des électeurs potentiels vont se demander non seulement si ce qu'ils voient n'est pas simplement filtré ou partagé, parce qu'il y a certaines motivations derrière la source, mais aussi si ce contenu est réel », déclare David Coletto, fondateur, président et directeur général d'Abacus Data. "Est-ce vraiment Justin Trudeau qui dit ce qui est exprimé dans la vidéo ou Pierre Poilievre ? ... Et cela va créer encore plus de doutes et ... peut-être (décourager) les gens de s'impliquer dans le système politique simplement parce qu'ils ne sont plus sûrs de pouvoir le comprendre. »

Bien que les jeunes Canadiens soient plus confiants en leur capacité à détecter l'utilisation de l'IA générative, seuls 38 % des personnes interrogées ont exprimé une certaine confiance en leur capacité à détecter les « fausses nouvelles » lors d'une campagne électorale. Soixante-deux pour cent des personnes interrogées n'étaient pas sûres ou n'étaient pas convaincues de pouvoir détecter le recours à l'IA pour diffuser de fausses informations lors d'une élection. Les prochaines élections fédérales doivent être tenues au plus tard le 20 octobre 2025.

Ces préoccupations relatives à la distinction entre le vrai et le faux dans les contenus générés par l'IA étaient similaires dans l'ensemble du pays, les répondants de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba étant plus inquiets. Parallèlement, les Québécoises et Québécois sont un peu moins inquiets, à 77 %.

Comme indiqué précédemment, 84 % des Canadiens sont préoccupés par la diffusion de mésinformation et de désinformation susceptibles d'influer sur notre démocratie.

Pendant ce temps, sur la Colline du Parlement, le débat se poursuit sur les prochaines étapes suite à la publication en juin du rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement (CPSNR) au sujet de l'ingérence étrangère dans les campagnes de désinformation ayant une incidence sur le processus démocratique.

Le rapport allègue que certains députés pourraient avoir aidé des gouvernements étrangers et accepté de l'argent ou des avantages pour cette collaboration. Ce débat soulève des questions sur la confiance dans le processus électoral et la nécessité d’ajouter des protections.

En mai, la Commission fédérale des communications (FCC) des États-Unis a annoncé que tous les politiciens se présentant aux élections de novembre 2024 étaient tenus de divulguer l'utilisation de l'IA dans les publicités télévisées et radiophoniques pour tenter de contrer la diffusion de mésinformation et de désinformation dans le cadre de leur campagne électorale.

Bien que les modifications à la Loi électorale du Canada introduites en mars fassent des déclarations fausses et trompeuses un délit, elles ne renvoient pas spécifiquement à l'IA et à son éventuelle utilisation dans une campagne électorale, comme le fait la nouvelle politique de la FCC. Ces amendements incluent des mesures visant à soutenir davantage la participation aux élections, à améliorer la protection de la vie privée et à fournir une protection supplémentaire contre l'ingérence étrangère.

« Je ne pense pas que la désinformation soit en voie de disparition. Je pense que c'est la nature même de l'écosystème dans lequel nous vivons aujourd'hui. Et je pense que cela a toujours existé. Maintenant, nous pouvons le faire de manière subversive et privée sur les appareils des gens », déclare M. Coletto. « Nous pouvons essayer de combattre cela et de mettre en place des mesures qui pourraient rendre cette diffusion de mésinformation et de désinformation plus difficile. Toutefois, je pense que nous devons armer les électeurs, armer les citoyens, avec la capacité d'en comprendre le sens ».

Le sondage d'Abacus Data auprès de 2001 résidents canadiens âgés de 18 ans et plus a été réalisé entre le 11 et le 14 avril 2024. La marge d'erreur pour un échantillon probabiliste de cette taille est de plus ou moins 2,19 %, 19 sur 20.

CPAC diffusera l’émission spéciale Détecter la désinformation au service de la démocratie, le jeudi 27 juin à 19 h HE. À voir à CPAC.



Ce projet a été rendu possible en partie grâce au gouvernement du Canada.